Dans Strasbourg corseté de neige, à la veille de Noël, du soltice d'hiver, errant de rues en parcs, en églises, en brasseries, en hôtels, quel est donc ce couple insolite sur lequel les gens se retournent ? Cette petite boiteuse aux yeux clairs, au teint frais de Bretonne sous son bonnet de fourrure, suspendue au bras d'un long et maigre Maghrébin, au profil d'Almoravide, d'Africain, sous le capuchon presque monastique de la djellaba ? Étrangers à cette ville elle-même carrefour de races, de civilisations, que cherchent-ils ? De quoi parlent-ils ? Rencontre fortuite ou l'inverse ? Liquidation du passé ou au contraire renaissance d'un très ancien amour ? Dernier adieu ou nouveau départ ou bien encore pèlerinage imaginaire aux sources de la jeunesse, de la passion ? Catherine Paysan donne ici un roman d'une densité psychologique intense. Très envoûtant. Très complexe encore que simple à déchiffrer en même temps. Écrit avec la précision
vibrante de celle qui continue à mettre en scène des personnages marginaux, porteurs de profondeurs, imprégnés de mystère. Outre l'évocation puissante de la cathédrale de Strasbourg, de l'hiver alsacien, des cèdres du Maroc par exemple, des scènes d'amour chargées du temps qui fuit, qui sépare, l'écrivain a su admirablement évoquer l'affrontement de deux cultures différentes.