1995. Depuis dix ans, Alexandra hurle son mal de vivre, dans un hôpital psychiatrique. 2010. La voici à Paris, sur la scène du Zénith, rappeuse dont les prestations galvanisent les salles : jaillies du tréfonds d'elle-même, ses improvisations sont autant de visions du chaos de la rue. K-cendres est née : fragile pythie urbaine ou produit d'un marché sans scrupules ? Antoine Dole met mal à l'aise, une nouvelle fois (Laisse brûler, NB novembre 2010). Son héroïne, dont la détresse poignante n'a d'égale que la lucidité, est-elle un cas particulier, un personnage « fictif » , remarquablement campé et donc crédible et attachant, ou le symbole -alors insupportable- d'une génération perdue de jeunes adultes ? La difficulté à communiquer serait-elle sans issue ? Deux protagonistes, deux adultes, tempèrent heureusement cette vision désespérée. En toile de fond, la peinture du « rap-biz » prend la forme d'un réquisitoire, peut-être excessif, mais salutaire. Le talent de l'auteur réside surtout dans son écriture particulière, hachée, syncopée, au plus près du jaillissement brut des émotions explosives de son personnage et dans la réflexion qu'il permet sur le rôle de l'artiste dans la société : témoin et visionnaire du monde comme il va. (source : les-notes.fr)